Le Nouvelliste – 10.11.2020
Longtemps décriés, les résidents secondaires sont désormais choyés pour sauver les stations valaisannes

ECONOMIE Longtemps décrié, le modèle des R2 en Valais s’est révélé salvateur dans les stations valaisannes en temps de crise sanitaire. Tour d’horizon en Anniviers, dans la Région Dents du Midi et à Verbier.
D’ici à la fin de l’année, les quelque 60 000 propriétaires d’un bien en résidence secondaire en Valais recevront trois bons de 30 francs à faire valoir contre des produits du terroir. Il s’agit d’une des actions lancées par le Département valaisan de l’économie pour soutenir le tourisme valaisan et remercier les vacanciers de leur présence en temps de coronavirus. Après les bons de 100 francs distribués aux clients d’établissements hôteliers, ce sont désormais les résidents qui sont choyés. Car il faut dire que leur présence, plus importante cette année, s’est révélée salvatrice dans les vallées.
De 6000 à 10 000 pass en Anniviers
Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur le tourisme et la forfaitisation des taxes de séjour, il est difficile d’obtenir un décompte précis du nombre de nuitées réalisées par les propriétaires de chalet. On sait qu’en Valais, sur 17 millions de nuitées commerciales, 46% sont faites en R2, 24% en hôtels et 29% en parahôtellerie.
Ainsi, dans la majorité des destinations, c’est la distribution des pass ou des cartes avantages dédiées aux résidents qui informent de leur présence. En Anniviers cet été, 10 000 Pass Liberté ont été remis à des propriétaires contre 6000 les années précédentes. «La fréquentation des résidences a été très importante au printemps et s’est poursuivie sur l’été et l’automne», relate Michaël Moret, directeur d’Anniviers Tourisme. Dans une vallée qui compte plus de 4400 biens en R2 pour 2700 habitants à l’année, les résidents secondaires sont précieux et la commune l’a compris. «Durant cette période, des bons de 25 francs ont été distribués aux habitants de la commune et cette offre a été étendue aux R2. C’est capital d’entretenir une bonne relation avec ces résidents.»
Malgré tous les défauts que l’on reprochait à ce modèle basé sur les R2, il faut reconnaître qu’il a montré ses forces dans une période comme celle-ci.
SÉBASTIEN EPINEY, DIRECTEUR DE LA RÉGION DENTS DU MIDI
Un modèle «qui a montré ses forces»
A l’autre bout du canton, dans la région des Dents du Midi, le constat est le même. «Nous avons vécu un des meilleurs étés», avance Sébastien Epiney, directeur de la destination. «Nos trois bureaux d’information ont enregistré entre 50 et 100% de visites supplémentaires. Cela signifie que les résidents sont venus, mais qu’ils ont également prêté leur bien à des amis ou à de la famille. Malgré tous les défauts que l’on reprochait à ce tourisme basé sur les résidences secondaires, il faut reconnaître qu’il a montré ses forces dans une période comme celle-ci.»
Dans la vallée d’Illez comme ailleurs, le programme d’animation a été complètement chamboulé. «Nous avons organisé des animations pour de plus petits groupes, ce qui a beaucoup plu à nos résidents. Même si ces personnes possèdent un bien dans la région, il est crucial de rester attractif pour les satisfaire», souligne Sébastien Epiney.
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Pour Simon Wiget, directeur de l’Office du tourisme de Verbier, les résidents secondaires ont clairement sauvé la fin l’hiver et l’été. «La crise du Covid a renforcé la nécessité de nous rapprocher des R2, même si à Verbier ils sont représentés au sein du conseil d’administration de la destination.» C’est également le cas en Anniviers et dans la région des Dents du Midi.
Les propriétaires attendent des mesures strictes
Président de la Fédération valaisanne des résidences secondaires, Nicolas Leuba assure que les gestes tels que les bons d’achat sont remarqués et appréciés. «Nous nous sentons mieux considérés par les autorités et la population.» Mais pour ce dernier, cela ne fait pas tout. Selon lui, certains résidents secondaires suisses attendaient des mesures plus strictes de la part du canton. «Beaucoup ne comprenaient pas pourquoi le masque n’était pas obligatoire en Valais alors qu’il l’était ailleurs. Maintenant que les mesures anti-Covid sont plus rigoureuses en Valais, cela rassurera de nombreux résidents.»
«IL FAUT ÉQUILIBRER LES DIFFÉRENTS MODES D’HÉBERGEMENT.»
3 questions à Damian Constantin, directeur de Valais Wallis Promotion
C’est difficile à dire car le décompte des nuitées touristiques reste fortement orienté sur les nuitées hôtelières. Mais il est clair que les résidences secondaires ont été plus occupées cette année et que l’hôtellerie a eu bien plus de difficultés durant cette crise sanitaire.
Les clients R2 sont très importants en Valais et d’autant plus durant cette crise. Ils créent de la valeur ajoutée non seulement lors de leur séjour mais également en entretenant leur bien. Toutefois, sur le long terme, la force d’un tourisme réside dans un équilibre entre les différentes formes d’hébergement. L’hôtellerie doit être un secteur encore plus fort en Valais.
On sent que ce mode de vie hybride entre la ville et la montagne est en train de se développer. Il y a bien sûr un pas à faire dans ce sens et l’on voit que des espaces de coworking émergent dans les destinations. Cette tendance pourrait s’implanter plus fortement dans les prochaines années.