Le projet de chauffage à distance (CAD) revient

Présenté au public le 6 juin dernier, ce projet ne diffère de celui qui avait levé plus de 800 oppositions il y a 7 ans, que par le système de production d’énergie de la centrale de chauffe, centrale qui sera mise à l’enquête « très prochainement ».

Ce qui ne change pas :

  • Le lieu de la centrale de chauffe à La Montagnette (Moubra).
  • Le trafic de camions 32 tonnes acheminant les plaquettes forestières (12+ passages par jour).
  • L’émission de particules fines dangereuses pour la santé (cancérigènes).
  • La centralisation des pannes.
  • La dépendance aux subventions, les coûts réels étant plus élevés.
  • L’évacuation par camion des cendres toxiques.
  • La circulation d’eau « haute température », avec déperditions plus importantes, donc coût plus élevé mais seule possibilité pour alimenter des bâtiments anciens.
  • Le plan d’affectation de la zone prévue de la Montagnette présente une incertitude juridique, non levée.

 

Ce qui change :

  • La gazéification du bois (pyrolyse) à la technicité moins expérimentée.
  • Un moteur à piston type diesel utilisant le gaz produit (donc l’équivalent d’un générateur diesel), produisant chaleur et électricité.
  • Une chaudière récupérant une partie des gaz non brûlés.
  • Le bruit (continu) généré par le moteur à piston.
  • Les 3 triages forestiers ont été regroupés sur le triage principal de Sierre. Donc l’essentiel du trafic de camions ferait Sierre-Moubra par la route de Corin…

 

Nos questions sans réponses à ce jour :

  • Aucune précision sur le type de gazéification et sur le moteur en aval bien qu’il existe de multiples possibilités, des plus nuisibles au plus coûteuses. CME nous a répondu que ces choix seraient faits après la mise à l’enquête…. On ne peut donc évaluer à l’heure actuelle la pertinence technique du projet.
  • Nuisances sonores : on nous a répondu que « tout serait dans les normes ». Ces normes sont de 65 db le jour et 55 db la nuit.
  • Nuisances environnementales : aucune réponse ni précision n’ont été obtenues.
  • Le contrat proposé à ceux qui se raccorderaient. Le contrat du 1er projet était un contrat de 30 ans (!) où l’opérateur (Crans Montana Energie) imposait des conditions dont les prix étaient imprévisibles.
  • Le montant de l’investissement initial, des coûts de maintenance et du compte d’exploitation, pour déterminer la rentabilité du projet.

 

Nos analyses complémentaires :

  • Le projet utiliserait 33 000 m3 de bois. Le Valais n’en produit que 45 000 m3. Or la rentabilité (si elle est possible) ne pourrait se réaliser que par un approvisionnement dans un périmètre de 50 km autour de la centrale de chauffe.
  • La production locale de bois de chauffe (plaquettes forestières) est essentiellement composée de résineux, d’un mauvais rendement énergétique.
  • Il faut 10 camions de bois pour remplacer 1 camion de fuel, en termes de pouvoir énergétique.

 

Nos observations :

La question de la pertinence d’un tel projet, surtout dans le choix de la localisation de la centrale de chauffe (très proche d’une vaste zone dont le tourisme est la principale ressource) et des décisions quant au réel système, planifiées pour être reportées hors de toute mise à l’enquête, doit être posée.

Nous comprenons les efforts qu’ils faillent mettre en œuvre pour tendre à l’indépendance énergétique. Les 2 sources principales sont déjà aujourd’hui l’hydraulique (60% de la production d’électricité) et le nucléaire, dont le recyclage des déchets est aujourd’hui maitrisé. Le solaire est intermittent et anecdotique avec 3%. L’éolien est hors de prix et hors sujet en Suisse par sa position continentale et sans vent stable. Le bois de chauffe traité en pellets est technologiquement maitrisé contrairement aux autres solutions, bien que la capacité de production en bois soit assez limitée.

L’hydraulique, malgré le grand potentiel en Suisse, est encore une ressource à développer (rehaussement des barrages, principaux ou intermédiaires, micro-turbines etc), surtout en Valais.

Ce projet de centrale de chauffe à plaquettes forestières s’apparente à une aventure industrielle coûteuse et très incertaine (technologie de la gazéification) qui sera payée par les raccordés mais aussi par tous les contribuables in fine, qu’ils soient R1 ou R2.

 

Actions possibles :

Les concernés :

  • Tous, en matière de nuisances nouvelles (bruit, particules fine, camions)

Les concernés juridiquement :

  • Ceux qui peuvent justifier d’une proximité avec les nuisances.
  • Ceux qui sont « raccordables » qui pourraient se voir imposer un contrat « obligatoire »
  • Une attention particulière est recommandée à tous les propriétaires en PPE dont les intérêts peuvent être différents de ceux de leur gestionnaire d’immeuble.

 

Calendrier :

  • Surveiller les publications au pilier public. Les oppositions éventuelles doivent se faire dans les 30 jours.
  • Prendre connaissance du dossier complet de mise à l’enquête.
  • Prendre vos décisions (laissez-faire ou faire opposition).
  • Contacter un cabinet d’avocats ad hoc le cas échéant.

Les 3 cabinets d’avocats qui avaient centralisé les 800+ oppositions au premier projet d’il y a 7 ans :

Etude Pont & Pont-Veuthey – Av. du Marché 5 – 3060 Sierre – tél. : 027 456 25 25

mail : pmcpont.law@bluewin.ch

Etude De Palma & Fontana – Av. de Tourbillon 3 – 1951 Sion – tél. : 027 323 76 17

mail : depalma@omedia.ch

Etude Me Régis Loretan – Rue de la Porte Neuve 2 – 1950 Sion – tél. : 027 322 35 60

mail. : etude.loretan.regis@netplus.ch

document réalisé par la Commission CAD 2 de l’Apach – contact : info@apach.ch

Réponse de Crans Montana Energies / Oiken à la synthèse élaborée par la Commission ad hoc de l’APACH

Crans-Montana, le 25 juillet 2024

Projet de Centrale énergétique à bois à La Montagnette – Crans-Montana

Monsieur le Président, Monsieur le Vice-Président,

C’est avec intérêt que nous avons pris connaissance de votre publication sur le site internet de l’APACH et de la newsletter que vous avez adressée à vos membres. Nous nous réjouissons de l’intérêt que vous portez au projet de centrale énergétique à bois qui se construira à Crans- Montana, projet qui revêt une importance capitale dans la transition énergétique imposée par la législation actuelle.

Néanmoins, il nous est apparu que certaines informations contenues dans votre communication sont erronées. Afin d’assurer une information exacte et complète à vos membres, nous vous prions de bien vouloir trouver, annexé à la présente, un document rectificatif détaillant les points soulevés.

Afin de transmettre des informations exactes et factuelles, nous vous saurions gré de bien vouloir diffuser ce document correctif à l’ensemble de vos membres. Il est également impératif que ces corrections soient intégrées sur votre site internet, considérant que votre article est accessible au grand public.

Nous vous remercions par avance de l’attention que vous porterez à cette demande. Une réponse de votre part d’ici le 9 août 2024 nous obligerait.

En outre, Crans-Montana Énergies se met à disposition de tous vos membres, avec la collaboration de la déléguée à l’énergie de l’Association des Communes de Crans-Montana, pour offrir toute l’assistance nécessaire à la compréhension et à l’anticipation des décisions dictées par le cadre législatif. Nous sommes également disposés à participer à l’une de vos assemblées, si vous le jugez opportun.

Nous vous prions de recevoir, Monsieur le Président, Monsieur le Vice-Président, l’assurance de notre considération distinguée.

CRANS-MONTANA ENERGIES SA représenté par OIKEN S

Nicolas Féraud – Président du CA                               Michel Barras –  Administrateur délégué

Annexe : document correctif – Projet de Centrale énergétique à bois à La Montagnette / Crans-Montana

Projet de Centrale énergétique à bois à La Montagnette / Crans-Montana

À l’attention des membres de l’APACH

Crans-Montana, le 25 juillet 2024 – Suite à la présentation faite au public du projet de Centrale énergétique à bois par Crans-Montana Energies SA en juin 2024, l’Association des propriétaires de chalets et appartements (APACH) a informé l’ensemble de ses membres et publié sa vision du projet sur son site internet, www.apach.ch. Plusieurs de ces informations sont biaisées, voire fausses. Le Conseil d’administration de Crans- Montana Énergies SA souhaite donc répondre point par point et apporter tous les éclaircissements nécessaires à la bonne compréhension de ce projet.

CONTEXTE ET OBLIGATIONS LÉGALES

Les bâtiments du secteur dense en station sur la commune de Crans-Montana sont aujourd’hui alimentés en chaleur à plus de 95% par des énergies fossiles (gaz ou mazout) ; il y a donc, pour les copropriétaires de la plupart des immeubles du Haut-Plateau, un important défi à relever ces prochaines années, afin d’atteindre les objectifs du Canton du Valais en matière de décarbonation et un approvisionnement 100% renouvelable et indigène d’ici 2060. La centrale énergétique à bois est en accord avec ces objectifs et bases légales en vigueur. Robinets et chauffages alimentés à distance permettent d’éviter la multiplication, dans chaque immeuble, d’une chaudière à pellets, et par conséquence de réduire le trafic en ville puisque les camions de mazout (ou de pellets) ne devront plus se rendre en station.

À travers Crans-Montana Énergies SA – société qui construit le réseau de chauffage à distance et la centrale énergétique – la Commune de Crans-Montana est heureuse de pouvoir proposer une solution de chaleur aux immeubles desservis aujourd’hui et demain par les conduites du chauffage à distance. Pièce maîtresse de ce réseau, la centrale énergétique à bois utilisera une ressource locale, avec une technologie éprouvée et efficiente. Elle sera construite dans la zone artisanale et industrielle de La Montagnette sise sur la Commune de Crans-Montana.

RÉPONSES AUX POINTS SOULEVÉS

Six immeubles déjà connectés au CAD

Sur l’Est du Haut-Plateau, le CAD de Crans-Montana est en fonction depuis plusieurs années. Les conduites principales posées à ce jour (3,5 km) permettent de chauffer six bâtiments, pour une consommation de chaleur en 2023 de 2,5 GWh. Deux chaufferies alimentées par le gaz, situées au Centre scolaire et à La Poste, d’une puissance totale de 2,4 MW, permettent de fournir la chaleur, en attendant la mise en service de la centrale énergétique à bois.

Gazéification : une technologie éprouvée

Le nouveau projet de centrale énergétique à bois à Crans-Montana utilisera la technologie de gazéification. Romande Energie SA exploite déjà avec succès deux centrales de ce type en Suisse Romande et en planifie une troisième sur la Commune de Moudon. Cette technologie, utilisée déjà durant l’Antiquité et surtout durant les deux Guerres mondiales, a fait ses preuves et est totalement maîtrisée. Elle présente de nombreux avantages.

Précisions que la gazéification du bois permet une utilisation plus rationnelle de la ressource locale qu’est le bois. La centrale pourra également utiliser les écorces, les rémanents du bois et autres résidus forestiers.

Dans son document, l’APACH fait une confusion entre gazéification et pyrolyse : ce sont deux technologies différentes ; il n’y aura pas de pyrolyse à Crans-Montana.

Décarbonation : des lois acceptées par le peuple suisse

Le 21 mai 2017, le peuple suisse a accepté la loi révisée sur l’énergie en adoptant la Stratégie énergétique 2050. Celle-ci vise à réduire la consommation d’énergie, à améliorer l’efficacité énergétique et à promouvoir les énergies renouvelables. La construction de nouvelles centrales nucléaires sera en outre interdite. La Suisse pourra ainsi diminuer sa dépendance à l’égard des importations d’énergies fossiles et, en même temps, promouvoir les énergies renouvelables locales. La loi sur l’énergie met particulièrement l’accent sur les bâtiments et la promotion des énergies renouvelables indigènes, de même que sur l’expansion des réseaux de chaleur dans les régions à densité urbaine. Le projet de Crans-Montana Énergies SA répond donc totalement à ces exigences légales.

2050 : 100% d’énergie renouvelable dans les bâtiments

En août 2019, à la suite de la publication du rapport spécial du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5° C, le Conseil fédéral s’est fixé comme objectif d’équilibrer le bilan des gaz à effet de serre de la Suisse d’ici à 2050, soit l’objectif de zéro émission nette en Suisse. Cela implique que le secteur du bâtiment devra être alimenté par 100% d’énergie renouvelable d’ici 2050.

En 2023, le peuple suisse a d’autre part accepté la révision de la loi sur le climat et l’innovation qui fixe des objectifs de réduction de gaz à effet de serre dans le secteur du bâtiment de 82% d’ici 2040 et de 100% d’ici 2050.

100% de renouvelable lors du remplacement du chauffage existant

Le Canton du Valais, quant à lui, via sa stratégie énergétique cantonale, vise en 2060 un approvisionnement 100% renouvelable et indigène, sans carburants et combustibles fossiles. La révision de la loi cantonale sur l’énergie a été adoptée par le Grand Conseil le 08.09.2023. Elle devrait rentrer en vigueur au plus tard le 1er janvier 2025 avec l’ordonnance sur l’énergie acceptée par le Grand Conseil le 14.06.2024. Cette loi imposera d’avoir 20% de part d’énergies renouvelables lors du remplacement d’un chauffage existant fossile (gaz et mazout). De plus, il est toujours obligatoire, lors du remplacement d’un chauffage existant au gaz ou au mazout, de chauffer les piscines et rampe d’accès en hiver par une énergie renouvelable.

Chauffage à Crans-Montana : 95% d’énergies fossiles

Comme dit précédemment, les bâtiments du secteur dense de la station de Crans-Montana sont aujourd’hui alimentés en chaleur à plus de 95% par des énergies fossiles, la centrale énergétique permettra aux immeubles raccordés au CAD de se mettre en accord avec les objectifs et bases légales en vigueur. De plus, l’ordonnance sur l’énergie, dans l’article 12 sur l’approvisionnement énergétique, définit le projet tel que celui de Crans-Montana comme d’intérêt cantonal, comme le montrent les extraits suivants :

f) une installation de production de chaleur à bois telle que définie aux lettres d et e, mise en place à une altitude inférieure à 800 m.s.m., pour autant qu’elle alimente un réseau de chauffage à distance à caractère renouvelable à au moins 75 pour cent ;

d) une chaudière à bois ou à pellets produisant au moins 1 GWh par an de chaleur pour autant qu’elle se situe à une altitude supérieure à 800 m.s.m ;

e) une centrale de couplage chaleur-force à bois d’une puissance thermique primaire minimale de 3 MW avec un rendement global (électrique et thermique) d’au moins 75 pour cent pour autant qu’elle se situe à une altitude supérieure à 800 m.s.m ;

Différence entre le premier et l’actuel projet

Les nombreuses oppositions exprimées lors de la mise à l’enquête publique du premier projet (plus de 700) étaient pour la plupart irrecevables, car n’étant pas formulées par les ayants-droits. Elles ont toutefois fait l’objet d’une lecture attentive afin d’approfondir les études menées avant de présenter le second projet.

Il est faux d’affirmer que le premier projet a été abandonné : en réalité, sa mise à l’enquête a été retirée à la demande de la Commission cantonale des constructions qui demandait que les dossiers « route » et « centrale de chauffe » soient séparés. Dans l’intervalle, Crans-Montana Énergies SA a profité de mener différentes études concernant d’une part la technologie pour produire de la chaleur grâce au bois, d’autre part l’emplacement de la future centrale.

Entre le premier et l’actuel projet, seul l’emplacement reste identique.

Trafic de poids lourds et transport du bois

Le bois des forêts avoisinantes sera effectivement acheminé en camion. Les calculs ont démontré que, de mai à octobre, deux camions par jour amèneront le bois dans la centrale, ce qui correspond à peu près à l’actuel trafic induit par de l’entretien de nos forêts.

Durant la période touristique estivale, aucun camion n’amènera du bois et donc la centrale fonctionnera en utilisant ses stocks.

En hiver, lorsque la demande de chaleur est forte, on comptera six camions par jour ouvrable.

La réflexion de l’APACH sur la fusion des triages forestiers est dénuée de sens puisqu’elle n’a aucune influence sur la provenance et l’acheminement du bois : non, le bois ne transitera pas par Sierre et Corin ; le site du triage forestier Zorèyè sur le Haut-Plateau se trouve toujours à la route de Pirazilina.

Émission de particules fines

La technologie de la gazéification émet presque 10 fois moins de particules qu’une centrale à pellets (qui serait la solution préférentielle pour le bâti de Crans-Montana si le chauffage à distance n’existait pas). La gazéification n’est pas une combustion du bois comme c’est le cas avec des pellets. Le bois est chauffé à haute température mais ne brûle pas. En réalité, l’installation de chaudière à pellets dans chaque bâtiment émettrait davantage de particules fines que la solution proposée. Il est donc faux d’affirmer que la centrale à gazéification du bois sera dangereuse pour la santé des habitants.

Centralisation des pannes

Ce qui est présenté comme un problème en réalité n’en est pas un. Les centrales d’appoint et de secours à gaz permettent, en cas de panne, d’assurer la livraison de chaleur. Elles sont situées à différents endroits de la station ; le projet prévoit d’autre part une solution d’appoint en ses murs. En vérité, la sécurité d’approvisionnement du chauffage à distance est améliorée par rapport à une solution individuelle.

Dépendance aux subventions

Le système d’encouragement des CAD fait partie du Programme Bâtiment de la Confédération, mis en œuvre par les cantons. Les fonds proviennent de la taxe sur le CO2.

Evacuation des cendres

Les cendres doivent être déposées avec les matériaux inerte dans une décharge. Il s’agit de 25 bennes par année, la gazéification laissant très peu de résidus. À terme, ces cendres de bois pourraient être utilisées comme biochar pour l’agriculture, comme c’est déjà le cas en Europe avec des installations similaires. Il est donc faux d’affirmer que des cendres toxiques seront générées par cette centrale à gazéification et qu’elles produiraient des résidus dangereux.

Déperdition énergétique

Certes, tout transport de chaleur à haute température entraine quelques déperditions. Néanmoins, les conduites CAD de Crans-Montana disposent d’une isolation renforcée de type 3. Soulignons qu’une solution basse température ne conviendrait pas au bâti de Crans-Montana, comme l’ont confirmé les études commandées par Crans-Montana Énergies SA.

Zone artisanale et industrielle « La Montagnette »

Contrairement à ce qu’affirme l’APACH, il n’existe aucune incertitude juridique concernant la zone « La Montagnette ». La révision du plan des zones de la commune de Crans-Montana ne prévoit pas de changement d’affectation de ce secteur. La centrale énergétique à bois prévue entre donc totalement dans la mission de cette zone dédiée à l’artisanat et l’industrie.

Production d’énergie électrique

L’APACH a raison de souligner qu’un moteur sera installé dans la centrale pour produire de l’énergie électrique ; ce double usage du bois (chaleur et électricité) est justement un atout de ce projet. Quant à savoir si ce sera un moteur à piston de type diesel utilisant le gaz produit, il est trop tôt pour répondre, Crans-Montana Energies SA étant encore en attente des propositions des fournisseurs.

Nuisances sonores

Justement pour réduire au maximum les nuisances sonores, le moteur se trouve confiné à l’intérieur de la centrale, isolé par la construction en béton et capoté pour enfermer le bruit.

Autre point positif de ce nouveau projet : la suppression de la manutention des plaquettes à l’aide d’un véhicule à moteur, donc bruyant. Le stock de bois se trouve à l’intérieur du bâtiment, donc ces manutentions ne sont plus nécessaires.

Prix imprévisibles

La hausse brutale du prix de l’énergie vécue récemment a démontré notre forte dépendance aux contingences économiques et géopolitiques mondiales et aux aléas climatiques. L’industrie gazière s’est aussi fixée comme objectif d’atteindre les 30% de gaz renouvelable dans le réseau d’ici à 2030, le prix du gaz devrait donc augmenter encore.

Concernant le contrat proposé par Crans-Montana Énergies SA aux bâtiments qui se raccordent au CAD, il est similaire à d’autres chauffage à distance et ne diffère guère des conditions générales d’un raccordement au gaz.

Rentabilité de la centrale énergétique à bois

La question de la responsabilité de la centrale énergétique est du ressort du Conseil d’administration de Crans-Montana Énergies SA et de ses actionnaires. Les chiffres diffusés par l’APACH quant à la rentabilité du projet en regard des possibilités d’approvisionnement en bois sont faux et leur provenance inconnue.

Ressource bois et rendement énergétique

Pour se défaire de la dépendance aux ressources énergétiques provenant de l’étranger, pour respecter les exigences légales suisses et valaisannes en matière de décarbonation et pour valoriser une ressource locale, la centrale à gazéification est apparue comme étant la solution la plus adéquate. La solution alternative serait de mettre en fonction des centrales à pellets décentralisées, avec émission importante de particules fines, avec des transports supplémentaires, et sans économie d’échelle.

Avec la gazéification du bois humide, la centrale utilisera le pouvoir calorifique supérieure du bois. D’autre part, l’énergie thermique des fumées sera récupérée et, via une pompe à chaleur, produira de l’énergie. Le rendement sera donc nettement meilleur que celui d’une centrale à bois classique.

Si Crans-Montana Énergies SA approuve l’affirmation de l’APACH qui met en exergue le grand potentiel de l’hydraulique en Valais, il est important de bien comprendre que les barrages permettent de produire de l’électricité (au même titre que le solaire photovoltaïque), la gazéification du bois de la future centrale sert quant à elle à produire de la chaleur.

CONCLUSION

La pertinence du projet de centrale énergétique à bois par gazéification sur la zone artisanale et industrielle « La Montagnette » a été prouvée par différentes études menées par des spécialistes faisant autorité dans ce domaine.

La centrale énergétique à bois et le chauffage à distance apportent une solution locale et pertinente qui permet aux habitants des quartiers denses de Crans-Montana de respecter les exigences légales en matière de décarbonation.

Crans-Montana Énergies SA se tient à disposition de toute personne intéressée à en savoir plus, que ce soit sur les enjeux énergétiques en Suisse et en Valais ou plus précisément le projet de centrale énergétique à bois.

Crans-Montana, le 25 juillet 2024

Lettre à CME

Crans-Montana, le 8 août 2024

Monsieur le Président,
Monsieur l’Administrateur-Délégué,

Nous faisons suite à nos récents entretiens suite à votre courrier du 25 juillet dernier accompagné de son annexe, qui a retenu toute notre attention.

Nous avons publié ces 2 documents sur notre site www.apach.ch, tentant ainsi de répondre aux demandes d’information de nos membres.

Vous constaterez avec nous que certains points n’ont pas encore trouvé leur réponse. Les questions correspondantes ont été consignées par notre Commission d’évaluation dans un document d’analyse que vous trouverez en annexe et ainsi que sur notre site internet.

Nous vous remercions de nous communiquer des réponses précises et complètes à votre plus proche convenance, dans le souci exclusif d’informer nos membres de façon exhaustive, particulièrement ceux qui sont concernés au premier chef.

Le dossier étant avant tout d’ordre technique, nous pensons souhaitable d’épuiser ces questions de façon formelle afin de rechercher ensemble les voies les plus profitables pour tous, si cette démarche vous convient.

Nous sommes également disposés à inviter nos membres à participer à la réunion d’information que vous nous avez aimablement proposé d’organiser à cet effet.

Notre commission ad hoc est aussi à votre disposition pour traiter l’un ou l’autre point avant de prévoir une éventuelle synthèse informative générale.

Dans l’attente, soyez assurés, Monsieur le Président, Monsieur l’Administrateur-Délégué, de notre haute considération.

Association des Propriétaires d’Appartements et de Chalets du Haut Plateau de Crans-Montana- A.P.A.C.H.

Cédric Berger – Président                          Jean Metz – Vice-Président                   

Analyse de la Réponse Communale au mémo publié par l’Apach à propos du nouveau projet de Centrale de Chauffe à plaquettes forestières alimentant un réseau de Chauffage à Distance (CAD)

Août 2024

Dans l’ordre des « réponses aux points soulevés »

1- Six immeubles déjà connectés au CAD

Ce point n’a pas généré d’observations particulières dans notre publication car c’est une installation locale fonctionnant avec 2 chaufferies au gaz. Ce n’est donc pas un élément de réponse à une question qui n’est pas posée.

2- Gazéification :

Tant le projet que les précisions demandées ne mentionnaient pas la technique projetée. Nous avons ici obtenu une réponse partielle confirmant que le procédé projeté n’est pas la pyrolyse mais la gazéification. Toutefois celle-ci ne précise toujours pas le type de procédé retenu pour produire du Syngaz. Gazéification par Lit Fixe (updraft ou downdraft), par Lit fluidisé circulant ou à bulles, par Plasma, à Entrée en Suspension, Supercritique, chacun possède avantages et inconvénients qu’il convient de connaître grâce à une étude préalable qui devra être produite.

3- Décarbonation et lois :

La loi révisée sur l’énergie et la Stratégie énergétique 2050 visent à réduire la consommation énergétique, améliorer l’efficacité énergétique et promouvoir les énergies renouvelables. Dans ces conditions on peut s’interroger sur l’absence d’incitation forte à isoler les bâtiments anciens (problème connu en Valais, où les études cantonales montrent un potentiel d’économies d’énergie de plus de 40%), ou bien à accélérer les programmes d’énergie hydraulique, énergie renouvelable par excellence, qui répond également à la question.

4- 2050 : 100% d’énergie renouvelable dans les bâtiments

L’invocation des travaux du GIEC ou les objectifs de réduction des gaz à effet de serre sont des arguments qu’il est possible d’utiliser en faveur d’autres sources d’énergies que les plaquettes forestières et ne constituent donc pas un support exclusif à ce projet de centrale de chauffe.

5- 100% de renouvelable lors du remplacement du chauffage existant

Il est effectivement utile de rappeler la politique cantonale qui vise un approvisionnement en 100% renouvelable et indigène en 2060. Ici encore l’usage massif du bois n’est pas nécessairement la seule solution, si une combinaison multiple d’actions peut être mise en œuvre, telle que « isolation – pompes à chaleur – hydraulique – photovoltaïque – réseaux smartgrid » pour prendre cette chaine à titre d’exemple.

6- Chauffage à Crans-Montana : 95% d’énergies fossiles

Nous souscrivons pleinement au constat d’usage d’un autre temps de l’énergie fossile pour chauffer 95% des bâtiments de Crans Montana. « Passoires thermiques », chauffages au fuel chers et polluants ne font pas partie d’un avenir propre, performant et indépendant. Cependant l’usage de plaquettes

forestières n’est pas la seule réponse possible. Une étude d’ensemble doit être produite pour démontrer la cohérence des mesures envisagées.

On s’étonnera par ailleurs que la récupération de l’énorme quantité de chaleur produite par la patinoire d’Ycoor (consommant de l’ordre de 20% de l’énergie de toute la Commune en saison) ne soit pas incluse dans le projet. La loi fédérale préconisant « l’efficacité énergétique » semble ici ignorée, dans l’attente d’une réponse à cette question.

7- Différences entre le premier et l’actuel projet

La réponse communale avance que « seul l’emplacement reste identique ». Cela ignore les 7 autres points de « ce qui ne change pas » que la Commission d’expertise de l’Apach a soulevés, lesquels sont toutefois repris dans la réponse communale qui, dès lors, se contredit.

8- Trafic de poids lourds et transport du bois

La réponse communale nous apprend que la fusion des triages forestiers est sans influence sur l’acheminement du bois. Cependant vu le potentiel de nuisances engendrées par ce trafic, il serait souhaitable de connaître le plan prévisionnel des flux, tant en trajets qu’en fréquence combinés, ou en émissions nuisibles, ce qui semble indispensable pour que le voisinage de ce trafic puisse se faire une idée réelle de ce qui peut l’attendre ou faire en sorte que sa quiétude ne soit pas troublée.

9- Émission de particules fines

« Moins » de particules fines est certes mieux que « plus » mais moins bien que « pas du tout ». A l’heure où beaucoup d’études sont menées sur la dissémination des « micropollutions » et leur impact sanitaire, la question est de privilégier des solutions incluant une absence de nuisances.

10- Centralisation des pannes

La réponse communale évoque centrales d’appoints décentralisées et solutions d’appoints interne à la centrale projetée. La production de ces plans alternatifs permettrait de lever cette objection concernant la sécurité d’approvisionnement.

11- Dépendance aux subventions

La réponse communale nous confirme ici le subventionnement d’un tel projet, sans préciser s’il s’agit de subventions d’investissement ou de subventions d’exploitation ou les deux… On peut en conclure que de tels projets sont financés par le contribuable, marquant ainsi les caractéristiques d’une activité qui ne peut se rentabiliser par elle-même. Une étude détaillée est dès lors nécessaire.

12- Évacuation des cendres

La question des cendres, toxiques ou non, ainsi que tous les autres déchets, ne doit pas relever de l’affirmation mais plutôt d’analyses prévisionnelles qu’il serait utile de produire, pour écarter ou confirmer ces nuisances potentielles.

13- Déperdition énergétique

En écartant le flux basse température plus efficace, le projet reconnait la vétusté de l’isolation du bâti de Crans-Montana. N’aurait-il pas fallu commencer par un programme d’isolation massif pour

permettre une « meilleure efficacité énergétique » recommandée par les textes votés sur l’énergie cités plus haut ?

14- Zone artisanale et industrielle « La Montagnette »

La reclassification de cette zone a certainement fait l’objet d’une décision communale avec ampliation cantonale. Les juristes qui se sont penchés sur le premier projet n’ont pas pu réunir les 2 documents qui permettent de justifier juridiquement l’habilitation de cette zone à ce projet. La production des documents complets permettrait de lever l’objection.

15- Production d’énergie électrique

Le processus d’usage du Syngaz en aval du gazéificateur n’est toujours pas précisé dans la réponse communale bien qu’il s’agisse d’un élément important pour la rentabilité et l’évaluation du projet. Y aura-t-il un moteur à piston type diesel, des turbines à gaz ou des systèmes de cogénération (CHP) ? Ces systèmes sont très différents en termes de nuisance et de rentabilité. Notons que l’ensemble de ceux-ci produisent en gros 50% d’électricité et 50% de chaleur. Ce nouveau projet pourrait donc se résumer à être une production électrique (pour moitié) à bois à travers un générateur diesel….

16- Nuisances sonores

Les nuisances sonores doivent faire l’objet d’une évaluation détaillée. Le confinement d’un générateur est un exercice délicat, le bruit passant souvent à travers les flux intrants et extrants. Les normes habituelles de bruit maximal sont bien trop élevées et ne sauraient constituées une réponse satisfaisante pour l’environnement du site prévu. Une étude complète doit préalablement être produite.

Il en est de même pour les bruits engendrés par le trafic poids lourds et leurs manœuvres, ainsi que les bruits de manutention. Des études précises sont nécessaires afin notamment que les bordiers ne puissent pas être impactés.

17- Prix imprévisibles

Tant la tarification que les prix de revient doivent résulter d’une comptabilité prévisionnelle (business plan) qu’il est nécessaire de connaître. Cette étude doit faire apparaître la variabilité du prix des sources, tant bois que sources concurrentes afin d’évaluer le risque tarifaire des clients et le risque pour le contribuable de mettre la main au portefeuille.

Concernant les types de contrat proposés, une production de ceux-ci est indispensable pour compléter cette analyse de risques.

18- Rentabilité de la centrale énergétique à bois

L’étude de la Commission d’évaluation de l’Apach n’a avancé aucun chiffre concernant la rentabilité d’un tel projet, mais simplement signalé qu’en l’absence de chiffres prévisionnels le doute est permis. La production d’une étude complète et chiffrée permettrait d’évaluer l’objection.

19- Ressource bois et rendement énergétique

Nous prenons acte avec satisfaction de la reconnaissance réciproque du grand potentiel hydraulique en Valais. En revanche l’argument de séparer l’usage du bois pour la chaleur et de l’électricité pour le

reste ne résiste pas à l’analyse si les équipements calorifiques utilisent des pompes à chaleur. Là encore, le choix des vecteurs peut illustrer la versatilité des sources.

Quant à l’indépendance énergétique, nous nous rejoignons en ayant la certitude qu’elle fait l’unanimité. Nos analyses diffèrent pour l’heure sur les moyens d’y arriver, bien que nous soyons certains que nos soucis et surtout ceux de nos membres et propriétaires puissent être aussi ceux de la Commune de Crans-Montana et de Crans Montana Energies.

20- Conclusion

Nous sommes certains que les efforts conjoints de Crans-Montana et Crans Montana Energies viseront à produire les études nécessaires à ce projet. Respectueux du voisinage et de l’environnement, ce à quoi les technologies connues pourraient répondre, l’acceptabilité de celui-ci par tous serait un point positif, tandis que les questions pendantes laissent pour l’heure le sentiment d’acheter « un chat dans un sac », ce qui ne peut en aucun cas constituer un objectif commun pour nos populations.

La Commission d’évaluation de l’Apach sur les questions énergétiques.

www.apach.ch